Les cliniciens ont remarqué que certains comportements évoquaient celui des dépendants aux produits (alcool, tabac, drogues…). En effet, les mêmes éléments d’envahissement de la pensée, d’impulsivité, d’impossibilité de contrôle ou d’arrêt, malgré leurs conséquences négatives dans la vie quotidienne, ont été retrouvés dans les conduites vis-à-vis d’Internet, du jeu, des achats et du sport.
L’ensemble de ces comportements est à l’origine source de plaisir. Le plaisir, l’intérêt et la motivation dans ces comportements peuvent être importants, sans être pathologiques.
L’addiction comportementale se traduit par la focalisation sur un objet d’intérêt unique, devenu un véritable besoin plus qu’un désir, et la poursuite de ce comportement malgré ses conséquences négatives sur la vie sociale, affective ou sur la santé.
Le comportement devient pathologique lorsque les conséquences néfastes l’emportent sur le plaisir obtenu et lorsque, malgré cela, le sujet continue. Ce sont les similitudes comportementales qui ont servi de point de départ à la description des addictions comportementales.
L’addiction aux jeux de hasard et d’argent est désormais reconnue comme une maladie. Elle est définie comme « la pratique inadaptée et persistante, et répétée de jeux d’argent qui perturbent l’épanouissement personnel, social et professionnel ». Elle peut être considérée comme une véritable « addiction sans drogue », dont la prise en charge est confiée aux Centres d’Addictologie.
Les principaux critères diagnostiques regroupent des critères psychologiques comme la préoccupation constante pour le jeu, des aspects comportementaux comme des efforts répétés et infructueux pour arrêter ou contrôler le comportement, la mise en danger d’une relation affective ou d’un emploi, des actes délictueux ou des mensonges, ainsi que des critères évoquant le phénomène de tolérance ou le syndrome de sevrage.
Le parcours du joueur débute souvent par une phase de gain (big win) pouvant être considérée par le joueur comme une compétence, un talent ou une habileté et non comme un simple hasard. Alors que la phase de perte (chase) s’instaure, le joueur tente de combler les pertes en répétant cette activité de jeu. Ce comportement répété est à l’origine d’emprunts, de mensonges auprès de l’entourage, et d’actes médico-légaux conduisant parfois la personne à la phase de désespoir dans laquelle peuvent apparaitre un syndrome anxio-dépressif, des passages à l’acte suicidaire, un licenciement, le chômage prolongé, et l’exclusion.
Les comorbidités psychiatriques sont dominées par les états dépressifs majeurs, les troubles anxieux, et la présence d’un syndrome d’hyperactivité avec trouble déficitaire de l’attention dans l’enfance. Les liens entre jeu pathologique et troubles de la personnalité sont établis, tandis que les abus ou dépendance à l’alcool, au tabac ou autres substances psychoactives sont plus retrouvés qu’en population générale.
Le jeu pathologique en ligne correspond à l’usage addictif de jeux d’argent sur Internet, et constitue une nouvelle forme de dépendance au jeu. Le jeu pathologique apparaît à l’heure actuelle comme un véritable problème de santé publique, à l’origine de multiples conséquences sociales, économiques et psychologiques. Le développement des jeux en ligne, entériné par sa légalisation en France en juin 2010, s’accompagne de l’augmentation et de la modification des comportements de jeu.
Internet confère une forme d’anonymat, et permet de jouer sans avoir peur d’être jugé ou stigmatisé. Cet aspect conduit à une certaine désinhibition qui peut inciter le joueur à parier plus d’argent. En effet, l’utilisation d’un mode de paiement virtuel sous forme électronique conduit à la perte de conscience de la valeur des mises. La rapidité et la facilité d’accès au jeu constituent également des facteurs facilitant le développement de l’addiction au jeu accrocheurs. La multitude des opportunités de jeu permise par Internet, l’abondance de jeux proposées, et la publicité aux slogans contribuent au développement de l’addiction au jeu, en renforçant les fausses croyances et les illusions de maitrise notamment auprès des populations les plus jeunes
Parmi les dépendances comportementales, les achats compulsifs sont l’un des troubles les plus fréquents. Les achats compulsifs sont définis comme un comportement d’achat inapproprié associé à un fort sentiment de plaisir et d’excitation, à l’origine de dépenses répétées, provoquant des conséquences négatives sur le plan personnel, familial et social. Cette forme particulière d’achats est sous-tendue par une envie irrépressible à l’origine d’achats impulsifs d’objets utiles ou inutiles, en plusieurs exemplaires, peu ou pas utilisés, entassés puis laissés à l’abandon.
Les critères diagnostiques retenus sont la présence de pensées envahissantes et gênantes concernant les achats, d’un comportement d’achat inadapté, ou d’impulsions d’achat correspondant à au moins une des propositions suivantes :
On retrouve les achats compulsifs principalement chez les femmes, le plus souvent mariées, dont la prévalence en population générale est estimée autour de 5 % . L’âge moyen de début des troubles est de 30 ans.
Ces acheteurs particuliers rapportent une sensation d’euphorie, ainsi qu’un fort sentiment de plaisir et d’excitation au moment de l’achat. Ce comportement chargé de plaisir, sous-tendu par une envie irrépressible d’achats d’objets inutiles en plusieurs exemplaires, ne laisse pas de place à la frustration. L’envie ne peut être différée : le désir doit être immédiatement satisfait, afin de permettre un sentiment de soulagement de courte durée. Il convient de préciser que c’est plus l’action ou la situation d’achat qui produit ce plaisir que la valeur de l’objet acheté : l’objet acquis est moins chargé d’intérêt que la situation d’achat.
Il apparaît impossible pour ces acheteurs d’imaginer ne pas être en mesure de pouvoir profiter d’une occasion immanquable de réaliser ces achats. Ces sujets peuvent alors décrire un équivalent de syndrome de sevrage comprenant une irritabilité, une anxiété et un sentiment de nervosité. Ces acheteurs particuliers utilisent le plus souvent la carte bleue, un mode de paiement facile, immatériel et déculpabilisant. Les achats se portent essentiellement vers une consommation du paraître : vêtements et chaussures sont les principales sources de dépenses.
Ils sont caractérisés par leur accomplissement solitaire et sont répétés au point d’entraîner d’importantes conséquences négatives, incluant des pertes financières à l’origine d’endettements, de vols ou d’escroqueries. Ces achats sont à l’origine de conséquences psychiatriques comme un syndrome dépressif, de nombreux conflits familiaux liés notamment à l’endettement et de difficultés professionnelles comme le licenciement liées à l’absentéisme répété. Ces acheteurs ne recherchent pas forcément les meilleures offres, les soldes. Les objets achetés sont rarement utilisés, ne présentent plus d’intérêt une fois achetés et sont souvent entassés dans une cave ou au grenier .
Internet constitue le principal centre d’intérêt chez un nombre croissant de personnes, au point de développer avec l’univers du web une relation de nature addictive. La littérature nord américaine affirme que le modèle de la dépendance apparaît pertinent pour caractériser le type de relation entretenue avec une activité devenue envahissante et incontrôlable. Depuis 1996, les critères diagnostiques de la dépendance à Internet ont été proposés. Ces personnes partagent avec les toxicomanes une tendance à la perte de contrôle, un temps important passé avec l’objet de leur dépendance, un sentiment de manque ou un syndrome de sevrage lorsqu’ils sont déconnectés.
La prévalence de l’addiction à Internet varie en fonction des pays, et décrit un gradient Ouest-Est. Elle est très importante dans les pays d’Asie du Sud Est, et se situe entre 1 et 3% de la population générale en France.
Le bronzage, conduite socialement valorisée, peut comme d’autres conduites faire l’objet d’une dérive addictive. Il a été observé que l’excès de bronzage pouvait constituer un syndrome de dépendance. Cette constatation provient de l’observation de nombreux dermatologues qui rapportent à propos de leurs patients une relation addictive au bronzage, des difficultés pour réduire, contrôler ou arrêter leurs séances de bronzage en cabines malgré l’annonce d’un diagnostic de mélanome.
Le bronzage excessif en cabine a été décrit par des dermatologues américains, qui rapportaient chez leurs patients une envie irrépressible de s’exposer au rayonnement UV et décrivent le besoin d’augmenter le nombre et la durée des séances de bronzage pour obtenir le même niveau de plaisir
Le bronzage excessif en cabine est majoritairement trouvé chez les femmes.Toutes les tranches d’âge sont touchées par ce comportement mais l’adulte jeune entre 17 et 30 ans constitue la catégorie la plus concernée. Le trouble apparaît en moyenne à 14,7 ans et est retrouvé principalement parmi les catégories socioprofessionnelles aux revenus les plus bas et les inactifs
Les personnes dépendantes au bronzage rapportent une envie irrépressible de s’exposer au rayonnement UV. Bronzer devient une priorité absolue dans la vie du sujet, dans laquelle on observe un allongement du temps consacré aux préoccupations liées au bronzage, au détriment de la vie socioprofessionnelle. Le comportement est poursuivi malgré la connaissance de l’augmentation de problèmes sociaux (absentéisme professionnel), psychologiques (dépression, anxiété) et physiques (vieillissement de la peau, mélanome) induits par cette pratique.